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           Une autre légende tout aussi poétique mérite d'être racontée, qui s'attache elle aussi à tenter d'expliquer le poids écrasant de la nature régissant depuis toujours la vie des hommes.

         Le site de TEOTIHUACAN, gigantesque dans ses dimensions et minéral dans ses constructions, présente un évident mimétisme avec le paysage qui l'entoure. Ses deux monumentales pyramides ont souvent été comparées - toutes proportions gardées - aux collines proches comme celle de Malinalco ou aux volcans environnants qui ceinturent la plaine au loin. Parmi ces montagnes de feu, toujours en éveil ou définitivement endormies, figurent le Popocatepetl et l'Iztaccihuatl dont la "naissance" était ainsi contée par les Aztèques :

         "Jadis, quand les Mexicas migrèrent jusque dans la vallée de l'Anahuac, berceau naturel de TEOTIHUACAN, les montagnes et les volcans n'avaient pas encore atteint ni leur forme ni leur taille définitives. Une princesse naquit un jour dans cette vallée ; elle s'appelait Mixtli et était la fille unique de Tizoc, le "Tlatoani" (roi suprême) des Mexicas. Comme elle était très belle de surcroît, elle fut vite courtisée par de nombreux prétendants dont un certain Axooxco, homme réputé cruel et sanguinaire.

         Mais le cœur de la princesse Mixtli battait pour un autre : un guerrier nommé Popoca qui partit un jour au combat afin de conquérir le titre de Chevalier-Aigle qui lui permettrait de disputer la main de Mixtli à Axooxco. Mais Mixtli, songeant immédiatement à son bien-aimé en situation d'inévitable danger de mort, préféra se suicider plutôt que de devoir envisager l'impossibilité de son amour. Or Popoca revint triomphant ! A son retour, voyant Mixtli morte, il prit le corps sans vie de son aimée dans ses bras et se dirigea vers les sommets alentour. Là, il resta accroupi au pied d'une montagne, espérant que la neige pourrait sortir Mixtli de son sommeil. Alors les dieux, touchés par la pureté tragique de cet amour, décidèrent de l'immortaliser : Mixtli devint le volcan Iztaccihuatl (femme endormie, en nahuatl) aux neiges éternelles ; lui, guerrier noble et courageux veillant fidèlement sur les rêves de sa princesse, devint le Popocatepetl (montagne qui fume).

         Depuis lors, les deux volcans Iztaccihuatl (5.280 m) et Popocatepetl (5.460 m) dominent la vallée de l'Anahuac, formant à l'horizon l'image des deux amants réunis pour l'éternité..."



Copyright Jean-Marie Escoffier - Tous droits réservés
Vue aérienne du volcan Popocatepetl


"Oh, murs de cette ville ! Si vous pouvez parler, racontez... "
Miguel de Cervantes, "LE SIEGE DE NUMANCE"



  Photographies : Carmen et Jean-Marie ESCOFFIER
Texte et choix des illustrations (2003) : Jean-Marie ESCOFFIER
Voyage : Novembre 1993
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