1 - 2 - 3 - 4 - 5 INTRODUCTION Suite > 
 


Cités d'Histoire
et de légendes (I)


TEOTIHUACAN
ou l'urbanisme théocratique




Copyright Jean-Marie Escoffier - Tous droits réservés
Fresque de Diego RIVERA - Palais National - MEXICO (détail)


         Le Mexique offre encore de nos jours, à ceux qui l'étudient, l'observent ou le visitent, un double visage : le premier est celui modelé par le rayonnement puis la défaite de ses multiples et remarquables civilisations précolombiennes, le second est celui dessiné par la colonisation espagnole et les métissages ethniques et culturels qui en ont découlé.

         Les Mexicains eux-mêmes sont les premières preuves vivantes de cette dualité. Mais leurs traditions, leurs comportements (sociaux, politiques, éducatifs…), leurs religions et… les villes qu'ils peuplent ou ont peuplées en sont d'autres, tout aussi significatives. D'ailleurs, que conseille-t-on habituellement comme découverte "citadine" du Mexique ? A minima, un site archéologique précolombien ET une cité plus récente d'origine coloniale. Dans les deux cas, l'embarras du choix est grand : le pays est riche de son passé.

         Cependant, on pourrait se demander légitimement en quoi cette dualité est tellement marquée, et si ces 2 aspects du Mexique qui correspondent à 2 périodes majeures de son histoire ne sont pas au bout du compte complémentaires ? Il n'en est rien : les différences sont fondamentales, les dissemblances essentielles. Elles relèvent de la nature profonde des 2 types de civilisations qui se sont succédé, c'est-à-dire de leur vision même du monde qui les entourait et dans lequel elles ont évolué. C'est pourquoi le choc de leur confrontation fut terrible et provoqua par sa violence une cassure irrémédiable, difficilement imaginable pour un esprit contemporain.

         Plusieurs siècles après, 2 villes parmi d'autres en témoignent encore, de manière évidente : TEOTIHUACAN et TAXCO. Elles n'ont rien à voir entre elles, leurs habitants ne se sont jamais connus, et pour cause. Tout les oppose ou presque : la première incarne la puissance religieuse et les origines préhispaniques du Mexique, la seconde symbolise l'implantation ultérieure et capitaliste des Européens. Peu de points communs en vérité. Sauf, peut-être, la richesse des légendes respectives qui s'y rapportent et qui sont certainement tout aussi passionnantes à connaître que l'Histoire qui a permis à ces cités de naître et de se développer, chacune à sa manière.

         Partons donc à leur découverte, en commençant dans les pages qui suivent par TEOTIHUACAN, la plus ancienne. TAXCO sera étudiée ensuite, dans un article séparé. Les 2 promenades s'avèreront moins faciles qu'il n'y paraît, car il n'est pas évident de "tirer le portrait" d'une ville par écrit. Que privilégier en effet dans sa description, au risque de sous-estimer ou d'oublier certaines composantes de son identité globale ? Difficile d'en faire un portrait complet, un portrait juste : une ville est comme un corps complexe, un puzzle géant dont il est à la fois ardu de rassembler toutes les pièces élémentaires, si variées, et d'en définir toutes les interactions. Le parti et le pari ont donc été pris de présenter au lecteur, tels les 2 volets d'un même diptyque, ces 2 villes selon un même plan : leur histoire, leurs caractéristiques et leurs légendes associées, ce qui permettra de faire ressortir logiquement et intuitivement, en fin de visites, leurs nombreuses oppositions et leurs rares similitudes.
  Haut de page   Suite >