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Ainsi, en 1970 déjà, il se voit sollicité par le célèbre Norvégien Thor HEYERDAHL pour son expédition « RA 2 » et construit en boudins de papyrus le bateau qui traverse avec succès l’Atlantique en 57 jours, du MAROC jusqu’à LA BARBADE. Le Ra II au museé du Kon Tiki à Oslo En 1977-78, il participe à l’expédition « TIGRIS », toujours sous la responsabilité de Thor HEYERDAHL, en construisant une embarcation en roseaux qui descend le Tigre (IRAK), passe par l’estuaire de l’Indus (PAKISTAN) et termine sur la Mer Rouge à DJIBOUTI. Puis, en 1988, il commence une longue série de collaborations scientifiques avec l’Espagnol Luis KITIN MUNOZ. Sous la responsabilité de ce dernier, l’expédition « URU » permet à un bateau en totora de 20 mètres de long, transportant 5 personnes, de traverser le Pacifique pendant 2 mois, du sud de LIMA (lieu de construction du navire) jusqu’aux îles MARQUISES. Après « MATA RANGUI 1 » (« yeux du paradis » en langue pascuane) en 1997, il construit en 1999 pour le compte de l’expédition « MATA RANGUI 2 » (toujours sous la conduite de l’Espagnol Luis KITIN MUNOZ) une embarcation en totora de 26 mètres de long, 4 de haut et 6 de large. Objectif : prouver que les peuples du PEROU ancien étaient de grands navigateurs sur l’océan Pacifique. Construction du bateau et départ : ARICA (CHILI). Malgré le soutien du projet par l’UNESCO et divers sponsors, l’expédition est un échec. En 2001, « MATA RANGUI 3 » est un succès, de BARCELONE jusqu’à CARTAGENA DE INDIAS (COLOMBIE) ; Paulino ESTEBAN élabore un bateau de 15 tonnes, 21 mètres de long et 4,5 de large, avec 9 cordages principaux en ichu, 3 voiles de coton, ainsi que du bois chilien, du bambou et du corail blanc pour la figure de proue représentant un oiseau pascuan. En 2002, le projet « QALA YAMPU » (en langue aymara, qala signifie pierre et yampu embarcation), sous la responsabilité des archéologues nord-américains Paul HARMON et Alexei VRANICH, tend à vérifier que de grands bateaux en totora pouvaient jadis transporter des monolithes de 10 tonnes. Cela expliquerait en partie l’acheminement des matériaux nécessaires à la construction du site sacré pré-incaïque de TIWANAKU (ou TIAHUANACO), dépourvu de carrières d’andésite dans ses environs. Logiquement sollicité, Paulino ESTEBAN construit un bateau de 14 mètres de long, 5 de large, 2 de haut, d’un poids de 12 tonnes, nécessitant 3.000 faisceaux de totora, plusieurs voiles également faites en totora, et 4 grandes rames. L’opération est un succès : le yampu de Paulino, à pleine charge, permet effectivement de transporter un bloc d’andésite à travers 90 km de navigation sur le lac, avant son déchargement et la fin de son périple par voie terrestre. Coiffé de son inséparable bonnet andin, Paulino ESTEBAN est à coup sûr un personnage hors du commun. Son contact nous laisse un souvenir unique, éternel, à l’image de ses créations navales. A sa gentillesse naturelle, sa disponibilité et sa simplicité ne peuvent que répondre au minimum le respect et l’admiration secrète des visiteurs de passage que nous sommes. Parallèlement à ses enfants, pouvons-nous l’aider nous aussi à sauvegarder ses connaissances et comment ? Car, comme il le déclare lui-même : « La modernité est en train de tuer la tradition et le folklore, sans que les gens se rendent compte que c’est dans l’ancien que réside l’essence du savoir ». Alors, s’impose d’elle-même l’idée de repartir avec l’une de ses magnifiques maquettes de bateaux exposées dans son atelier, comme pour emporter avec nous une portion de rêve, une part de l’histoire millénaire et légendaire du TITICACA. Dernier geste de générosité de sa part : il propose de nous la dédicacer, non sans faire au passage, bévue touchante pardonnée d’avance, une faute d’orthographe sur son prénom. Même les meilleurs...
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